
Vous allez me dire que l’on mesure le quotient intellectuel (QI) à l’aide du test de QI. Mais qu’entendez-vous par là? Vous avez certainement déjà réalisé ou voulu réaliser un test de QI en ligne pour savoir où vous situer avec votre intelligence.
Et si je vous disais que tous les tests que vous connaissez, qui sont libres d’accès, ne sont en rien valides? En fait votre score de QI ne veut pas dire grand chose. En effet, le QI n’est qu’une donnée statistique par rapport à une norme et non pas une „quantité d’intelligence“. De plus, le score de QI est sujet à l’influence de tout un tas de facteurs faisant qu’il puisse changer selon la situation dans laquelle on se trouve.
Mais tentons d’abord de définir ce que c’est que le quotient intellectuel. Pour cela il est utile de parler un peu d’histoire.
Sommaire
Les premiers tests de QI
Paul Broca (1824-1880) et Sir Francis Galton (1822-1911) sont les premiers à émettre une théorie quant à l’évaluation de l’intelligence. Ils pensaient que l’intelligence pouvait se mesurer à l’aide du volume crânien. Selon eux, plus le volume était important, plus on était intelligent!
D’autres, comme Wilhem Wundt (1832-1920) pensaient pouvoir mesurer l’intelligence par le biais de l’introspection, la capacité de l’Homme à réfléchir.
Évidemment, ces idées sont aujourd’hui dépassées.
En 1903, avec la réforme d’une école obligatoire pour tous, le psychologue Alfred Binet a été chargé par le gouvernement français de trouver un moyen de dépister les enfants ne pouvant pas suivre le rythme scolaire habituel de l’époque.
C’est avec son collègue Théodore Simon que Binet établit la notion d’âge mental. Ce qui veut dire qu’à chaque âge correspond un nombre de tâches réussies dans certains domaines. Un enfant de 8 ans est supposé pouvoir répondre aux questions de cet âge et non aux questions des enfants de 9 ans par exemple. L’âge mental peut donc être ou non en concordance avec l’âge réel.
Ce test formel d’intelligence, aujourd’hui appelé test d’intelligence Stanford-Binet, est encore utilisé de nos jours. Il mesure le degré de développement intellectuel des enfants. C’est donc un test de niveau mental, sans faire appel aux connaissances de l’enfant. C’est une échelle métrique d’intelligence. On obtient ce QI en divisant l’âge mental par l’âge réel, puis en multipliant ce chiffre par 100.
Plus tard, le psychologue Charles Spearman a développé le concept de l’intelligence générale (le facteur g), la capacité mentale générale à effectuer une grande variété de tâches cognitives.
Il ne faut pas confondre l’âge mental avec le quotient intellectuel! L’âge mental est un repérage d’un âge de développement par rapport à des acquisitions intellectuelles attestées chez plus de 75% des enfants d’un âge donné. Tandis que le QI est un repérage des performances d’un individu (enfant ou adulte) par rapport aux performances d’un échantillon de personnes du même âge.
Les théories de l'intelligence
La définition de l’intelligence et la manière de la mesurer ne font pas consensus. Il existe en effet plusieurs conceptions de l’intelligence :
- nous l’avons vu, le facteur g est la théorie proposée par le psychologue anglais Spearman. Selon ce dernier, il existe une seule intelligence générale qui serait la capacité à raisonner, à résoudre des problèmes et à acquérir des connaissances.
- la théorie des facteurs multiples de l’intelligence est proposée par Thurnstone, psychologue américain des années 1930. Il a fait passer des tests à plus de 200 étudiants et propose que l’intelligence est composée de 7 facteurs distincts : la vitesse de perception, le traitement numérique, la fluidité verbale, le traitement verbal, le traitement visuospatial, la mémoire et le raisonnement. Il les appelle Primary Mental Abilities ou Aptitudes Mentales Primaires.
- Howard Gardner évoque des intelligences multiples ou habilités qui ne seraient pas forcément toutes présentes dans le concept d’intelligence générale.
- le modèle de Cattell-Horn-Carrol, du nom des 3 psychologues qui l’on inventé. C’est le résultat d’une méta-analyse de toutes les études réalisées sur l’intelligence dans les années 1960-1970. Ce modèle préconise qu’il y a une part de variance qui correspond à facteur général et d’autres parts qui sont spécifiques à des facteurs primaires.

Ce que nous pouvons nous accorder à dire c’est que le quotient intellectuel est le résultat obtenu à un test psychométrique dans le cadre d’un examen psychologique. Il fournit une indication quantitative standardisée de l’intelligence humaine en situant l’individu par rapport à une moyenne.
Comme nous l’avons vu, sa définition varie selon les théories et il existe des variations socio-culturelles. Il faut garder à l’esprit que les tests de QI ne prennent en compte qu’une partie de l’intelligence.
Les observations cliniques du psychologue ainsi que d’autres épreuves, comme le test de personnalité sont nécessaires pour étayer le travail d’interprétation du psychologue sur le fonctionnement de la personne et proposer des pistes d’intervention.
Vous voyez que ces tests ne sont pas à prendre à la légère et doivent impérativement être réalisés par un professionnel formé!
Les échelles d'intelligence de Wechsler
Déjà Binet affirme à l’époque que son échelle ne permet pas de mesurer un seul niveau d’intelligence qui serait inné et permanent. En effet, l’intelligence est un concept large qui ne peut être quantifié à l’aide d’un seul nombre! Le score est influencé par un grand nombre de facteurs externes (l’accès à l’éducation, l’apprentissage de stratégies et la nutrition p.ex.) et internes (la motivation et l’état de santé p.ex.) et peut être changeant au fil du temps.
De plus, il ne faut pas négliger l’influence de la culture sur les résultats du test.
Dans les années 1940, cette notion du QI va donc être révisée par le psychologue américain David Wechsler (1891-1981). Tout comme Binet, il croyait que l’intelligence impliquait des capacités mentales différentes. Il estimait plus pertinent de classer les individus selon leurs performances et par rapport à une population du même âge.
C’est ainsi qu’est né un nouvel instrument de mesure : les échelles d’intelligence de Wechsler. Les scores indiquent si un individu se trouve en dessous, au-dessus ou dans la moyenne d’un âge donné. Cette moyenne est de 100. Le QI établit donc l’écart par rapport à une norme.
Il existe en 3 versions :
- la WAIS pour adultes et adolescents de plus de 16 ans
- la WISC pour enfants de 6 à 16 ans
- et la WPPSI pour les enfants les plus jeunes
Les échelles de Wechsler prennent en compte des aptitudes différentes comme la culture générale, la compréhension et le raisonnement verbal, le raisonnement logique, la mémoire, la vitesse de traitement et plus encore. Elles permettent donc de définir un profil cognitif spécifique à l’individu à l’aide de différents tests et subtests. L’ensemble des substests permet de mesurer le QI global.
De cette manière nous pouvons également établir un profil cognitif particulier associé par exemple à un haut potentiel intellectuel ou un trouble du spectre autistique.
Finalement, elles permettent de déterminer les points forts et les points faibles du profil cognitif de la personne. Grâce à cela nous pouvons donc mettre en place un plan d’intervention ciblé.
Que veut dire mon score de QI?
Selon les classifications de la série Wechsler de tests de QI pour enfants et adultes, les scores sont répartis comme suit :
Niveau de QI
Classification descriptive
130 et plus
très supérieur
120 – 129
supérieur
110 – 119
moyenne élevée
80 – 89
faible moyenne
70 – 79
score limite
69 et moins
déficience intellectuelle

Les scores suivent ce qu’on appelle une distribution normale, une courbe en forme de cloche encore appelée courbe de Gauss. La majorité (environ 68%) des scores se situent entre 15 points moins que la moyenne ou 15 points plus que la moyenne (qui est de 100). Cette moyenne est obtenue selon un échantillon représentatif de la population générale.
Ce qui veut dire que 68% des personnes obtiennent une note de QI entre 85 et 115. À mesure que l’on se rapproche des extrémités, les scores deviennent plus rares.
Il faut toujours faire attention au fait que les scores seuls ne suffisent pas à diagnostiquer une déficience intellectuelle et qu’il faut tenir compte de facteurs tels que l’âge d’apparition et les compétences d’adaptation de la personne.
Conclusion
Vous l’aurez compris, les tests de QI que vous trouvez sur internet en libre accès ne sont pas validés et ne permettent en rien de vous situer par rapport à une norme. Le QI est quelque chose d’extrêmement complexe et ne suffit jamais à lui seul de poser quelconque diagnostic.
Le QI reste encore de nous jours controversé de par sa validité (tous les experts ne s’accordent pas à une seule définition de l’intelligence) et de par sa fiabilité (une personne n’obtient pas à chaque fois des notes identiques aux tests).
Néanmoins les tests comme le Wechsler permettent de définir des profils sur lesquels cibler les interventions et d’appuyer des diagnostiques comme le trouble du spectre autistique ou le haut potentiel.
N’hésitez pas à me contacter en cas de questions.