
Vu le succès remarquable de series comme The Big Bang Theory, Atypical, et The Good Doctor, pour n’en citer que quelques-unes, vous vous êtes certainement déjà posé la question de comment reconnaître un syndrome d’Asperger ou autiste Asperger ou Aspie dans la vie de tous les jours.
Les informations sur internet concernant les troubles du spectre autistique (TSA) ne manquent pas.
Mais la vérité c’est que grand nombre de ces articles publiés abordent l’autisme sous un angle soit médical avec les symptômes apparentés et donc plutôt péjoratif, soit y sont décrits la panoplie de clichés classiques que nous connaissons tous (comme la personne qui se tape la tête contre le mur ou encore se balance d’avant en arrière etc.).
Il s’avère que la plupart des informations ne prennent pas en compte le témoignage des personnes vraiment concernées. En effet, les auteurs de ces articles sont quasiment tous neurotypiques (c’est comment décrivent les autistes les personnes ne se trouvant pas sur le spectre).
Afin de vous aider à y voir plus clair, j’ai décidé de vous regrouper les principaux aspects permettant de reconnaître les autistes Asperger en 8 points. Pour cela, j’ai pris en compte les témoignages de personnes qui sont dans le cas, ainsi que les recherches actuelles dans ce domaine.
Sommaire
Mais qu'est-ce qu'un syndrome d'Asperger au juste?
Ce qu’il faut savoir c’est que le syndrome d’Asperger n’est plus défini en tant que tel dans le DSM-V. On parle aujourd’hui de différents niveaux de sévérité des symptômes de l’autisme. On ne parle pas pour rien des troubles du spectre autistique.
Les troubles du spectre de l’autisme (TSA) font partie des troubles neurodéveloppementaux (TND). Les signes peuvent se manifester de manière différente et plus ou moins sévère chez chaque personne avec autisme. Le syndrome d’Asperger telle que nous le connaissons est en fait un autisme de haut niveau (d’adaptation), un autisme sans déficience intellectuelle.
Pour un souci de compréhension et de facilité, je parlerai des personnes Asperger ou « Aspies » comme ils s’appellent entre eux.
L’intensité de chacun des symptômes des Aspies peut varier, allant de sévères à „légers“, et ce d’un sujet à l’autre!
Le spectre autistique regroupe donc des personnes aux caractéristiques et personnalités différentes et uniques, tout comme les neurotypiques (comment les Aspies appellent les personnes non autistes) d’ailleurs.
Ce qu’il faut retenir c’est que « si vous connaissez un autiste, vous ne connaissez vraiment qu’un seul autiste! » comme le dit si bien le Dr Stephen Shore (professeur de pédagogie spécialisée qui est lui-même autiste).
L'importance du diagnostic
Pour diagnostiquer un trouble du spectre autistique, il faut présenter des difficultés cliniques (c’est-à-dire significatives au quotidien) dans les deux domaines suivants (ce qui s’appelle la dyade autistique) :
- La communication et les interactions sociales
- Les intérêts et comportements restreints et répétitifs
Depuis 2013, le DSM-V intègre également les particularités sensorielles dans ses critères diagnostics.
Le diagnostic, même tardif, est important pour la prise en charge de la personne : il permet de mieux adapter les pratiques et avoir une meilleure compréhension du fonctionnement atypique de la personne. En effet, le diagnostic permet de mettre des mots sur les maux et enfin savoir les raisons de leurs différences. Elles pourront de cette manière mieux être acceptées et valorisées. Le changement du regard de l’entourage joue un rôle également.
Une aide non ciblée, des erreurs de diagnostic et de prise en charge peuvent avoir des conséquences non négligeables. Imaginez que vous ayez des difficultés tout au long de votre parcours scolaire et professionnel, vous sentez que vous êtes différent dans votre manière d’être, votre manière de penser mais vous ne savez pas d’où vient ce sentiment. Il n’est pas surprenant de constater alors un jour ou l’autre des troubles de l’humeur, des troubles d’anxiété ou encore des troubles de la personnalité à cause du rejet fréquent ou l’inadaptation sociale de la personne, interférent avec ses capacités d’adaptation.
Pour en savoir plus sur le diagnostic de l’autisme selon le DSM-V, je vous invite à aller jeter un oeil.
Les femmes Asperger
Les symptômes ou comportements des Aspies ne sont pas toujours visibles. Il y a un nombre élevé en Europe de personnes diagnostiqués seulement à l’âge adulte, ceci est d’autant plus vrai pour les femmes Asperger.
D’après la prévalence officielle, elles seraient nettement moins nombreuses que les hommes autistes (une fille autiste pour 4 ou 5 garçons), mais beaucoup suggèrent que ces chiffres reflètent en grande partie le fait qu’elles sont moins diagnostiquées.
Ces dernières réussissent à mieux masquer leur différences et leurs comportements sont plus souvent davantage socialement acceptables. Leurs intérêts spécifiques vont par exemple porter sur la psychologie ou le maquillage, et leur silence va être interprété comme de la timidité.
Si vous voulez en savoir plus je vous invite à aller consulter mon articles sur les femmes autistes.

Alors, concrètement, à quoi peut-on reconnaître un Asperger?
Je vous ai regroupé les signes en 8 catégories :
Les difficultés dans les interactions sociales
Les enfants neurotypiques acquièrent progressivement la compréhension du sens implicite, des sous-entendus et des codes sociaux de manière automatique et innée, tandis que les aspies doivent fournir un effort considérable pour les interpréter. C’est en fait un apprentissage par essais et erreurs que les autistes entreprennent durant toute leur vie pour palier à ce sentiment de décalage permanent.
Les relations sociales leur demandent donc une énergie considérable qui les épuise, ce qui fait qu’ils vont préférer s’isoler et rester plutôt solitaires, même s’ils ont un besoin de contacts sociaux comme tout être humain. Ceci n’empêche malheureusement pas les autres de les rejeter, les harceler ou même les violenter dans les cas les plus extrêmes.
Le même problème se produit lorsqu’ils doivent attribuer des pensées ou des états émotionnels aux autres personnes, chose avec laquelle ils ont également du mal. Cela peut par exemple se traduire par un mutisme dans certaines situations sociales.
Les particularités dans la communication
Les personnes Asperger détestent le „small talk“. Ils ne savent pas quand il faut commencer ou s’arrêter de parler. Certains n’aiment pas regarder dans les yeux parce que cela les déconcentre. Ils ont des difficultés à comprendre l’ironie, le sens figuré. Leur voie peut être monotone, ou bien forte ou silencieuse. L’on dit souvent des enfants Asperger qu’ils parlent comme des „petits professeurs“ (c’est-à-dire qu’ils ont un langage formel, complexe et qui est souvent ressenti comme pédant).
Pour les personnes Asperger parler représente un effort intellectuel considérable, qui sollicite énormément leur mémoire. On peut dire qu’ils ont un catalogue d’expressions toutes faites qu’ils utilisent au quotidien en choisissant laquelle convient le mieux dans les différentes situations.
Lors de conversations sur des sujets complexes, les personnes Asperger peuvent mettre plus de temps à répondre, de par leur effort intellectuel fourni. Ils peuvent également avoir du mal à exprimer les notions plus complexes, pour lesquelles aucune expression n’existe. Même si ces notions sont totalement claires dans leur tête, ils auront du mal à les expliciter. Ceci s’explique par le fait que les Aspies pensent prioritairement en images ou en abstractions qu’ils devront ensuite traduire en mots.
Les intérêts intenses et spécifiques
Ces intérêts sont „anormaux“ dans leur intensité et/ou dans leur spécifitié. En ce qui concerne l’intensité, la personne Asperger va avoir une fixation dans un domaine particulier qui va la passionner de façon extrême : elle va collectionner toutes les informations s’y rapportant au point d’en devenir un véritable expert.

Tout leur quotidien va s’organiser autour de ce sujet. Il arrive souvent que l’Aspie va se désintéresser ensuite et en choisir un autre, et rebelote.
Il existe des Asperger particulièrement intéressés par l’univers des sorcières par exemple. D’autres sont passionnés par les cartes de métro, au point de les apprendre par coeur. Les plus chanceux d’entre eux arrivent même à en faire leur métier, comme par exemple la psychologie ou l’astronomie.
Le besoin de routine et les difficultés d’adaptation aux changements et aux imprévus
Les Aspies ont des difficultés de planification et d’organisation dans des situations nouvelles. La flexibilité mentale est également touchée, ce qui fait que l’Aspie aura des difficultés de passer d’une action à l’autre. Il ne faut jamais sonner à la porte d’une personne Asperger sans la prévenir à l’avance pour venir boire un café parce qu’on se trouvait dans le coin! En effet, la spontanéité n’est pas du tout leur fort et il vont devoir fournir un effort considérable pour s’adapter à cette nouvelle situation.
Leur capacité d’inhiber certains automatismes cognitifs ou comportementaux est également altérée. Un exemple pour illustrer cela est le fait de ne plus pouvoir s’arrêter s’ils sont entrain de se consacrer à leur intérêt spécifique. À tel point qu’ils oublient de manger ou de se laver.
Les Aspies ont du mal à juger quelles informations sont à traiter en priorité. Leur attention est portée sur beaucoup de stimuli et de pensées à la fois, ce qui impacte également leur attention. Ceci explique pourquoi ils auront du mal à finir une tâche dans les temps.
L’on peut alors comprendre pourquoi les Aspies ont un besoin viscéral de contrôler leur environnement pour se rassurer, vue leur vie intérieure souvent chaotique et confuse. Ceci peut se traduire par le fait de manger tous les jours le même repas ou aller promener le chien tous les jours à exactement la même heure par exemple.
Les rituels et les mouvements stéréotypés
Les Asperger présentent souvent des tics moteurs. Ces tics peuvent se traduire par un besoin irrépressible de bouger, comme ouvrir et fermer la main de nombreuses fois de suite, sautiller sur un pied ou encore mordre ses ongles par exemple. Ces mouvements peuvent se présenter de manière involontaire et soudaine. Les Aspies qui se rendent compte que leurs mouvements ne sont pas socialement acceptables, finiront par les dissimuler en public. Mais en cas de forte anxiété ou d’effort intellectuel important, ces derniers réapparaissent.
Dans certaines situations, l’Asperger va effectuer des mouvements rituels : en cas de joie, il va sauter en l’air ou taper dans ses mains en cas d’excitation. Comme les émotions sont exprimées en premier lieu par le corps chez les Aspies, ces maniérismes en sont la conséquence et sont préférés aux expressions faciales, qui sont elles très restreintes chez la personne Asperger.
Le „Stimming“ est le fait de faire des gestes qui calment la personne asperger. Cela vient du mot anglophone „self stimulating Behavior“. Cela peut se traduire par exemple par le fait de caresser ses mains ou bouger ses jambes, ou bien mâcher un chewing-gum. Il existe même des objets spécialement conçus pour les aspies, comme les fidgets.
L'hypersensibilité ou l'hyposensibilité sensorielle
Les Asperger peuvent ressentir les stimuli sensoriels de manière intense en ayant du mal à les filtrer. Ils peuvent avoir du mal à suivre une conversation dans un bar à cause des bruits de fonds entendus de la même intensité que la voix de la personne qui leur parle. Ainsi, les verres, les pas et les voix des autres personnes, la musique etc. vont tous être entendus au même volume.
Beaucoup d’Asperger détestent la consistence de certains aliments à tel point qu’ils les écoeurent ou leur font mal physiquement.
Encore une autre personne Asperger va enlever les étiquettes de tous ses vêtements ou ne pas porter une certaine matière à cause de la gêne qu’elles procurent. Bien souvent la même personne va détester se faire toucher.
Par contre d’autres Aspies vont préférer les touchers forts. Cette hyposensibilité sensorielle fait qu’ils recherchent les stimulations fortes pour se sentir bien.
Il y en a même qui ne vont pas ressentir la douleur, ce qui peut devenir dangereux!
Les émotions intenses
Beaucoup d’Aspies ressentent les émotions de manière beaucoup plus intense que les neurotypiques et cela est vrai pour les émotions négatives et les émotions positives. De plus, elles changent rapidement en peu de temps.
Ils peuvent ressentir une joie extrême et passer rapidement à une tristesse intense et vice versa.
Le problème principal c’est qu’ils n’arrivent pas à avoir accès à leurs ressentis émotionnels, leur mentalisation. Ceci complique la également leur régulation.

La maladresse
Les Aspies ne sont pas seulement maladroits au niveau de la communication mais également au niveau physique. Ceci se traduit par des difficultés de faire les lacets, de bien écrire ou de faire du vélo par exemple. Ils ont également souvent une posture et une marche particulière.
C’est pour cela que les Aspies vont rarement être les premiers à être choisis lors de la mise en place des groupes au cours de sports à l’école.
Conclusion
Vous l’aurez compris : gare aux clichés et aux idées toutes faites sur l’autisme et sur les Asperger en particulier. L’importance de sensibiliser les gens est une de mes priorités.
Je vous ai dressé un profil général en sachant que les Aspies sont vraiment tous différents et uniques dans leur manière d’être.
Je sais que ce n’est pas facile à faire changer les mentalités du jour au lendemain, mais commencez déjà par le premier pas : l’acceptation. Si vous vous sentez concerné ou si vous connaissez quelqu’un qui pourrait correspondre au profil, contactez-moi. Je serais ravie de pouvoir répondre à vos questions concernant un éventuel diagnostic ou suivi.
Vous pouvez également faire le Test AQ qui permet de déterminer la probabilité d’un trouble du spectre autistique, et plus précisément du syndrome d’Asperger.
Si vous voulez avoir un aperçu des signes les plus apparents concernant l’autisme selon l’âge, vous pouvez télécharger ma checklist (seulement en français).
Super article je m’y sentais concerner sur plusieurs choses.
Merci David 🙂